Musée à l'air LibreMusée à l'air Libre
©Musée à l'air Libre

Musée à l’air libre

Roland Vincent était un amoureux de la pierre. Celle de chez lui, de chez nous, celle qu’il a toujours vue, sentie, touchée, escaladée. Quand on nait tout là-haut, au village du Mont de Sardent, on fait ses premiers pas, ses premières parties de cache-cache, on livre ses premières batailles aux Pierres Boutelines. Ce chaos granitique issu de l’érosion a de quoi intriguer voire… inspirer !

Est-ce l’origine de sa passion pour la pierre ? C’est possible.

Roland est devenu maçon, comme le furent ses ancêtres dans un « pays » où le métier est patrimoine. Il bâtit, taille et assemble. Mais la pierre lui parle et lui, le taiseux, a bien envie de l’écouter. Il se laisse emporter. Quand elle se dit visage, il force le trait. A la curieuse, il offre des yeux exorbités et une bouche béante à la gourmande. Les nez sont gros, les lèvres charnues, les têtes rondes ou carrées. Les animaux fantastiques apparaissent.

C’est la pierre qui décide et le ciseau sous les doigts du sculpteur de suivre chaque signe perceptible. Qui aurait cru que ce matériau local, froid et dur ait envie d’exotisme et de fantaisie ? Dragon, gargouille, caméléon, tortue, poisson, moine, homme hilare ou sage se côtoient comme au premier jour du monde. Les sculptures évoquent l’Afrique, l’Océanie, l’Amérique du Sud ou de lointains ancêtres creusois.

C’est la pierre qui veut.

Roland en fait des séries. De toutes tailles, de toutes formes. Lui, le maçon devient artiste. Ses
sculptures interpellent. Ses sculptures plaisent et vont jusqu’à s’exhiber au musée d’art naïf Cécile Sabourdy de Vicq sur Breuil.

Alors que son petit peuple minéral se rassemble et se serre devant sa maison, chaque passant peut succomber à son charme. Bernard Lecointe a été séduit par ces « gueules » romanes, masques africains et autres créatures protéiformes. Il les a tout de suite aimés et collectionnés, un peu comme un enfant amasse des petits trésors. Il a voulu leur offrir un cadre idéal. Il les a installés, superposés en totem ou intégrés dans du bâti, posés sur une boutisse de mur ou à la pointe d’un rocher. Certaines sculptures veillent, d’autres, immobiles, se noient dans la végétation du jardin. Face à face, côte à côte, un dialogue semble s’instaurer parmi cette improbable formation métissée. Le lieu qui est né est beau. Il invite à la contemplation. Le visiteur cherche, imagine, interprète, tout est permis.

Roland Vincent nous a quittés le 23 avril 2024. Lui, l’ami de Cécile et Bernard Lecointe a connu le lieu inachevé. Il y a même participé physiquement. L’artiste n’a malheureusement pas eu le plaisir de dévoiler la plaque sur laquelle est écrit « Musée à l’Air Libre – Roland Vincent ».

A l’air libre, pour la liberté d’y accéder.
A l’air libre, pour la liberté d’interpréter.
A l’air libre pour le lieu, à ciel ouvert.
Mais surtout, à l’air « libre », comme la liberté d’expression que Roland Vincent s’est autorisée, pour notre plus grand plaisir.

Musée à l’Air Libre
19 Nouallet 23250 SARDENT
Accès libre toute l’année. Stationnement préférable le long de la route.