EXPERIENCEAntoine raconte son Tour de la Creuse à vélo
Tour de la Creuse à vélo - Jour 1 - ©Antoine LacotTour de la Creuse à vélo - Jour 1 - ©Antoine Lacot
©Tour de la Creuse à vélo - Jour 1 - ©Antoine Lacot

Antoine raconte son Tour de la Creuse à vélo

Parfois, les voyages à vélo donnent envie à ceux qui les réalisent de prendre la plume pour coucher sur le papier toutes les aventures qu’ils ont vécus. Antoine Lacot nous fait l’honneur de raconter son Tour de la Creuse à Vélo réalisé au mois d’avril 2022. Un récit complet sur ses 330km de parcours dans un département qui lui tient « particulièrement à coeur ». Un écrit qu’il qualifie de peu objectif, lui qui habite à la frontière entre Indre et Creuse. Mais un écrit qui met en avant les richesses de la Creuse et de ce circuit en itinérance qui fait découvrir le patrimoine du département. Découvrez le récit de la première étape entre Crozant et Bénévent-l’Abbaye.

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Jour 1

Crozant à Bénévent-L'Abbaye

Vendredi 15 avril 2022

De Crozant à Bénévent-L’Abbaye – 52 km – 790 m d+

Il est quatorze heures, je suis à Crozant, point de départ de ce tour, à vingt kilomètres de chez moi. Pourtant hier soir encore, je n’avais pas prévu ce petit voyage. Quand rien n’est prévu, tout est possible.

Ce village est un très bon point de départ puisqu’il offre déjà de très belles choses : les ruines d’un château médiéval surplombant la rivière, la Creuse, qui serpente dans une nature verdoyante. De nombreux peintres (le plus connu étant Claude Monet) sont venus peindre ces ruines, cette rivière, ces lieux.Après environ vingt-cinq kilomètres, j’entre dans la ville de La Souterraine où subsistent des monuments très anciens dont la porte Saint-Jean édifiée au XIIIème et XVème siècle. J’essaye alors d’imaginer la place principale à cette époque. Au kilomètre quarante-cinq, j’arrive à Le Grand-Bourg, je m’y sens bien, il doit être dix-neuf heures. Il y a une fête, des gens rient, ca fait plaisir.

Je poursuis ma route jusqu’à Bénévent-l’Abbaye pour dormir. L’arrivée dans ce beau village est superbe, le soleil sur l’ancienne abbaye est ravissant. Je cherche alors, après avoir profité du point de vue, un endroit où bivouaquer. Dans le centre, je vois un panneau «  aire de camping car ». Je profite de la magnifique vue sur les environs et je sens déjà que le coucher de soleil va être magnifique. Je rejoins l’endroit le plus haut du Puy pour planter ma tente. Je respire un grand coup.

Jour 2

Bénévent-L'Abbaye à Royère-de-Vassivière

Samedi 16 avril 2025

De Bénévent-L’Abbaye à Royère-de-Vassivière – 76 km – 1360 m d+

Le lendemain matin, je prends un café au bar du village. Je pars. Il est dix heures et quarante-cinq minutes.

Les paysages changent, des sapins se dévoilent tout comme des lacs, je m’éloigne encore davantage du niveau de l’océan. Plusieurs points de vue permettent de contempler ces beaux paysages et parfois des châteaux et des grosses demeures anciennes. Ca y est, je suis arrivé en haut du puy ou tout du moins, à l’endroit le plus haut de la route de ce puy (524 mètres. Quelques minutes plus tard, j’arrive à Bourganeuf où trône un château datant du XIIème siècle et la fameuse tour Zizim, édifiée au XVème siècle pour détenir le prince Zizim, fils du sultan ottoman Mehmed II.

Après avoir mangé, je reprends la route toujours en direction du Sud-Est, le décor est encore différent. Les prairies sont toujours aussi vertes mais désormais, nous sommes sur le plateau des Millevaches, la route ne grimpe alors plus autant. Ce territoire semble encore plus isolé dans le bon sens du terme. Ici, on vit au calme. La nature est omniprésente. Les cours d’eau serpentent au milieu de nulle part, quelques ponts « planche » en pierre passent au-dessus de l’eau, des vestiges d’anciennes fermes et d’anciens bâtiments se dévoilent..

Au kilomètre 120, j’aperçois l’un des plus grands lacs artificiels de France : Vassivière (à cheval sur deux départements : Creuse et Haute-Vienne) qui est un des plus grands attraits de la Creuse. Le circuit longe le nord du lac d’Ouest en Est pour remonter ensuite vers le Nord en direction de Royère-de-Vassivière. Village. Je me lance à la recherche d’un endroit pour dormir. Ce sera près du terrain de tennis plus haut.

Je repense alors à cette étape et à sa difficulté. Je regarde sur l’application Open Runner mon tracé, je comprends alors mieux pourquoi mes cuisses me tirent : 76 kilomètres, 1360 mètres de dénivelé positif.

Jour 3

Royère-de-Vassivière à Chambon-sur-Voueize

Dimanche 17 avril 2025

De Royère-de-Vassivière à Chambon-sur-Voueize – 94 km – 989  d+

Je redescends au village pour acheter quelque chose à manger à l’épicerie. Je me fais un café avec mon réchaud juste à côté.

Depuis Royère-de-Vassivière, le parcours flirte avec les 700 mètres d’altitude. Je n’ai pas l’impression d’être aussi haut, l’effet plateau certainement. La route mène ensuite au lac de Lavaud-Gelade sur la commune de St-Marc-à-Loubaud. Au kilomètre 160, j’arrive à Felletin vers treize heures. En bas du village se trouve un pont médiéval offrant une belle photo. J’entre dans l’une des trois églises : l’Eglise du Moutier. Après avoir mangé, je m’assois à la terrasse d’un café donnant sur l’entrée de cette église.

Après Felletin, la route reprend de la hauteur, elle permet alors d’apercevoir loin à l’horizon. On retrouve alors les paysages de début de parcours. Au kilomètre 163, j’entame une descente qui m’emmènera jusqu’à Aubusson sept kilomètres plus tard.

Je repars en direction du Nord-Est, je ne vois que très peu de voitures comme depuis le début d’ailleurs.

La suite du parcours offre de beaux panoramas car la route se trouve un peu comme sur une ligne de crête. J’arrive à Lussat, un sympathique village perché, je m’y sens bien. L’étang des Landes, au pied du village, serait un spot parfait pour dormir mais je voulais absolument dormir à Chambon-sur-Voueize quelques kilomètres plus tard. Je mets ainsi le cap sur ce village classé troisième « Village préféré des français » en 2014, connu principalement pour son abbatiale : Sainte-Valérie.

Jour 4

De Chambon-sur-Voueize à Le Bourg-d'Hem

Lundi 18 avril 2022

De Chambon-sur-Voueize à Le Bourg-d’Hem – 90 km – 1185 m d+

Après être sorti de la vallée sans trop de problème, je gagne Lépaud, petit village perché charmant, offrant de belles vues sur les environs, puis de Bord-Saint-Georges. J’aperçois ensuite un panneau indiquant Toulx-Sainte-Croix. Je savais que ce tracé me ferait passer par cette commune posée sur un étonnant mont sorti de nulle part.

Juste après un carrefour au trois-quarts environ de la montée, je m’arrête pour admirer les magnifiques paysages que m’offre ce point de vue. Je vois assez clairement la chaîne des puys du Massif central. Je distingue même le puy de Dôme et plus loin au Sud le massif Cantalien.

Je me lance dans la longue descente qui me mènera dans un premier temps au début du circuit menant aux pierres Jaumâtres, un endroit où se dressent, tiennent en équilibre des énormes blocs de granit, puis à Boussac. Cette ville est avant tout connue pour son superbe château du XVème siècle. La route entre Boussac et Châtelus-Malvaleix offre de très beaux panoramas vers le Nord principalement. Le paysage est fait de petites collines, de prairies verdoyantes, de petits cours d’eau, tout ce que j’aime !

Je continue ma route vers Bonnat après avoir fait un détour au plan d’eau. Le décor est encore plus beau je trouve. La route est encore plus étroite. Aucune voiture. Il est environ 17 heures. A mon arrivée, j’aperçois une mini fête foraine sur le point de se terminer mais heureusement, le stand de crêpes est lui encore ouvert ! Ca tombe bien, j’ai faim. Quinze minutes plus tard, je reprends la route pour rejoindre l’endroit où je souhaitais dormir : le Bourg-d’Hem.

Jour 5

De Le Bourg-d'Hem à Crozant

Mardi 19 avril 2022

De Le Bourg-d’Hem à Crozant – 32 km – 474 m d+

Je suis réveillé par les cantonniers de la commune venus entretenir le camping avant son ouverture prochaine. Le paysage est brumeux. Je distingue à peine la rivière pourtant à seulement quelques mètres de moi. Je me dis que lorsque je regagnerai les hauteurs, je devrais pouvoir apercevoir le ciel. Et c’est le cas. Je n’ai pas à manger ce matin. J’avoue bien aimer quand je sais que je vais traverser des villages m’arrêter dans une boulangerie et prendre un thé ou un café en terrasse. J’habite un très petit village où je ne peux pas faire ça alors j’essaye d’en profiter quand je pars comme ça. La route entre Le Bourg-d’Hem et le prochain village La Celle-Dunoise est constituée d’une grande descente jusqu’à la rivière pour évidemment la traverser puis d’une bonne montée pour rejoindre le lieu-dit au joli nom : Beausoleil puis d’une autre grande descente pour rallier La Celle-Dunoise située au bord de la rivière.

Je sais déjà que ce village a du charme. Il est très prisé l’été. Son restaurant est très apprécié. J’en avais entendu du bien, je savais qu’il était tenu par un anglais mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller. A mon arrivée dans ce village, je me lance à la recherche d’une boulangerie, en vain. Je fais alors demi-tour direction le bar-restaurant, l’auberge plus précisemment, située juste à côté de la rivière. Son nom : l’Auberge des Pêcheurs. Sa façade est jolie, sa terrasse côté rivière également. Je rentre, je découvre alors une première petite salle où trône une cheminée ouverte. Tout est authentique. Tout de suite, cela me rappelle les petits pubs irlandais de l’Irlande « profonde », où j’ai pu entrer au cours de trois voyages là-bas. Je demande au patron de l’auberge s’il aurait de quoi manger pour un petit déjeuner. Il me propose trois desserts dont un cheesecake à la mangue. Ce sera mon petit déjeuner, il est onze heures. Je l’accompagne d’un café. Celui-ci dit à une de ses collègues qu’il m’offre le café car il voyage aussi à vélo. Quand on voyage que ce soit à vélo, à pied ou en camion aménagé, les relations humaines sont facilitées. A vélo ou à pied, encore plus je trouve quand même. Le dialogue est tout de suite naturel. L’échange est sincère. J’ai toujours été convaincu que le voyage ouvrait l’esprit. Cette rencontre le confirme une nouvelle fois.

Le cheesecake est extra, la mangue est subtile. Je prends avec la fin de celui-ci un thé noir. Je me sens bien, très bien même. J’ai envie de rester toute la journée.

J’entends des « anciens » du village, deux femmes : une britannique et une française parlant très bien l’anglais, parler. Comme j’ai envie de prolonger ce moment, je demande si cela est possible de manger ce midi. La réponse est oui. Une envie de lire me prend, j’en profite car ce n’est pas souvent le cas. Je sors ainsi mon livre de la sacoche : « L’énergie vagabonde » de Sylvain Tesson. Cet auteur m’accompagne depuis longtemps. Je me déplace du bar à une table juste à côté, je lis, puis commande une bière locale puis une Guinness.

Après avoir mangé un fish and chips et un dessert, je reprends la route pour les derniers kilomètres qui me séparent de Crozant, mon point d’arrivée. Entre La Celle-Dunoise et Crozant se situe Fresselines, village de peintres. Si vous avez un peu de temps, entrez dans le village car le circuit officiel bifurque avant et si vous avez encore un peu plus de temps, je vous conseille d’aller voir le confluent des deux Creuses : La Creuse et la petite Creuse.

Depuis la Celle-Dunoise, le parcours se trouve sur la partie Nord-Est de la Creuse. C’est beau car on imagine la rivière en contrebas. Maheureusement, les nuages noircissent le décor mais cela a tout de même beaucoup de charme. Ca y est, je suis à Crozant, je rejoins le bout du village pour profiter de la très belle vue sur les ruines. Le soleil est revenu. Je profite un dernier instant avant de rejoindre le parking.

C’était un Tour de la Creuse à vélo.